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La dyslexie et l’apprentissage des langues: quelles adaptations?

Quand on introduit l’apprentissage d’une nouvelle langue à l’école primaire (allemand et anglais en Suisse), cela signifie l’apprentissage d’un nouveau système de lecture et d’écriture pour tous les élèves, y compris pour les enfants dyslexiques.

Par exemple, l’enfant a appris jusque-là que la lettre v chante /v/… Mais surprise! La lettre v chante /f/ dans le mot « Vater »!

Vous l’aurez compris… L’apprentissage d’un nouveau système d’écriture peut être déstabilisant et laborieux pour un enfant qui a déjà des difficultés à apprendre le système d’écriture du français. 

Dans cet article, je partage avec vous 3 étapes que je conseille aux enseignants et aux parents pour surveiller l’apprentissage de l’allemand et de l’anglais chez un enfant dyslexique.

Et je vais déjà vous spoiler la suite de l’article: comme dans tout apprentissage, s’adapter au rythme et aux besoins spécifiques de l’enfant.

1. Dans un premier temps, laisser l’enfant apprendre la nouvelle langue comme les autres enfants

Selon moi, la meilleure façon de voir si un enfant va entrer dans un apprentissage est de le laisser essayer! Aussi surprenant que ça puisse paraître, certains enfants dyslexiques entrent bien dans l’apprentissage d’une nouvelle langue et ils apprécient même ce processus! Dans ce cas, on n’a pas forcément besoin de mettre en place des adaptations et on peut laisser l’enfant développer ses apprentissages comme les autres.

Cependant, ce n’est pas le cas de tous les enfants dyslexiques… Si c’est le cas de votre enfant, rendez-vous à la prochaine étape!

2. Mettre en place des adaptations pour favoriser l’apprentissage de la nouvelle langue

a) Favoriser l’apprentissage oral de la nouvelle langue

Si l’apprentissage de l’orthographe des mots de vocabulaire d’allemand et d’anglais est particulièrement difficile pour un enfant dyslexique, favoriser l’apprentissage par oral de ces mots.

L’enfant peut ainsi apprendre ses mots de vocabulaire par oral et être évalué par oral.

b) Ne pas tenir compte de l’orthographe dans les productions écrites de l’enfant

Et si l’évaluation par oral n’est pas possible dans le contexte de la classe, l’enfant peut écrire les mots de vocabulaire en phonétique (comme il les entend). Et si l’enseignant reconnaît le mot écrit phonétiquement, il peut compter le mot juste, sans pénaliser l’enfant pour l’orthographe.

Il en est de même si l’enfant est amené à écrire des phrases en allemand/anglais: centrer l’évaluation sur le sens du message, le respect du vocabulaire et de la syntaxe, et ne pas pénaliser l’enfant pour son orthographe.

c) S’assurer de la compréhension des consignes

Si l’enfant peine à déchiffrer et donc à comprendre des consignes dans la nouvelle langue, s’assurer de la compréhension des consignes: on peut d’abord demander à l’enfant d’expliquer ce qu’il a compris de la consigne avec ses propres mots. On peut lui réexpliquer la consigne en cas de besoin.

Il existe bien entendu d’autres adaptations qui peuvent être mises en place selon l’âge de l’enfant et ses besoins. Comme elles sont plus spécifiques, je trouve peu pertinent d’en parler dans cet article. Elles se discutent plutôt lors d’un entretien avec l’enfant, l’enseignant/e et les parents.

3. Evaluer l’effet des adaptations

Comme l’apprentissage d’une nouvelle langue est un processus qui évolue constamment, les besoins de l’enfant aussi! Par conséquent, les adaptations mises en place ne sont pas forcément figées dans le temps. Les adaptations doivent être au plus près des besoins de l’enfant et donc évoluer avec lui.

Par exemple, il se peut qu’au départ un enfant ait besoin d’apprendre les mots de vocabulaire par oral uniquement. Mais après un certain temps, l’enfant se familiarise avec le système d’écriture de l’allemand, si bien qu’il se sent capable d’orthographier des mots en allemand. A ce moment, les adaptations pourraient être modifiées pour favoriser l’apprentissage de l’orthographe d’allemand.

Ou au contraire, on constate qu’une adaptation mise en place n’aide pas forcément l’enfant à mieux apprendre. A ce moment, on peut réfléchir à d’autres adaptations.